Le début de la fin
Il y a une semaine environ, j’ai débuté une suite de fins qui n’en finissent pas : fin de mon stage à la Mission Economique, fin des levées aux aurores deux jours par semaine, fin des métros bondés à 8h du matin, fin du petit-dèj à emporter chez Dunkin Donuts, fin des sourires de bienvenue matinaux de Bona, mon amie à l’accueil, fin des diverses tâches qui m’on été confiées au cours de ces 6 derniers mois, fin des déjeuners dans les restaurants qui pousse le multiculturalisme très loin (les nugetts de poulet sauce kimchi chez Burger King, par exemple), fin des emails échangés avec Thibaut, mon (ex-) collègue de Nicosie…
Fin des vêtements d’hiver, expédiés hier vers la France dans un gros colis…
Et puis aujourd’hui, fin des cours de coréens et premier exam, « speaking test » : malgré la lenteur et les hésitations du verbe, je mesure le chemin parcouru, quand dix mois auparavant, je n’arrivais même pas à prononcer « Anyonhikaseyo » (bonjour) correctement…
D’ici deux petites semaines, ce sera aussi la fin des cours de français, la fin des dîners « machissoyo » (délicieux) dans ma petite famille coréenne, la fin des corrections des fautes de français ou de celles qu’on laisse passer car l’accent est tellement mignon. Quand je repense à la dernière discussion que j’ai eue avec ma petite élève mercredi dernier, je ressens un petit pincement au cœur…
« - Tu vas au Japon et après, tu reviens ?
- Non après, je rentre en France du Japon où je vais passer mes vacances.
- Et après les vacances, tu reviens ?
- Non, après il faut que je finisse mes études en France.
- Et après tes études, tu reviens ?
- Je ne sais pas, peut-être, cela dépend de beaucoup de choses… Mais toi, tu peux venir me voir en France quand tu veux !»
Bientôt aussi, ce sera la fin des repas et autres « chicken&soju » ou sa variante « chicken&beer » entre amis français, coréens, japonais, chinois, canadiens, russes, mongols…
Et la fin des voyages en Corée, comment l’oublier ? Demain Jeonju et le week-end prochain Gyeongju… Et le début des regrets (le temple Haeinsa, l’île de Jindo, la danse masquée d’Andong, Soraksan…) qui n’en sont pas car chaque art non découvert, chaque lieu non visité, chaque montagne non escaladée, chaque plage où je ne suis pas allée nager, chaque occasion manquée avec ou sans mes amis coréens (tennis avec Jinjoo, hot yoga avec Tchai-wa, séjour dans un « ham » en tête à tête avec un moine ou une nonne bouddhiste, ces tous petits temples nichés sur les hauteurs des montagnes…) me donne une raison supplémentaire d’y retourner !
Mais aux fins succèdent les nouveaux débuts : mes débuts touristiques au Japon, mes débuts d’organisatrice d’évènements culturels autour de l’Asie (si j’arrive à mener à bout mon projet !), mes débuts de marraine pour une Coréenne fraîchement débarquée et sûrement un peu perdue (au début) en France, mes débuts sur une voie plus concrète qui me mènera à ce que je veux vraiment faire de ma vie avec un regard neuf sur mon pays, ma culture, un regard irrémédiablement changé et enrichi par un an de Corée.